« Neutraliser, désarmer et éloigner de la République centrafricaine tous les éléments armés étrangers qui sèment le trouble et la désolation »
La CEEAC autorise l'emploi de la force pour désarmer les éléments armés en Centrafrique
RFI,
Laurent
Correaux, lundi 21 octobre
2013
Fin, ce lundi 21 octobre au soir à Ndjamena, du sommet
extraordinaire des chefs d’Etat de la Communauté économique des États de
l'Afrique centrale (CEEAC). Il était consacré à la situation sécuritaire en
République centrafricaine. Les chefs d’Etat ont décidé de renforcer la mission
internationale sur place (Misca), qui va recevoir des troupes et un appui
aérien.
Principale
décision du sommet de Ndjamena : l’engagement des pays de la CEEAC à
fournir des efforts supplémentaires pour que les forces africaines de la Mission
internationale de soutien à la République centrafricaine (Misca) atteignent une
pleine capacité opérationnelle et se déploient sur toute l’étendue du
territoire.
Les pays ayant
déjà contribué en troupes et moyens financiers vont encore faire des efforts
pour, par exemple, permettre au contingent burundais, en attente depuis
plusieurs semaines, de se déployer en RCA.
Un appui aérien
a aussi été décidé, pour aider les troupes africaines à « neutraliser, désarmer et éloigner de la
République centrafricaine tous les éléments armés étrangers qui sèment le
trouble et la
désolation ».
Le secrétariat
général de la CEEAC a aussi été mandaté pour obtenir du Conseil de sécurité de
l'ONU un mandat « robuste », sous le chapitre 7 de la
Charte des Nations unies, pour permettre à la Misca d’agir avec autorité en cas
de besoin. Le tout, sous le commandement du général de brigade camerounais,
Martin Tumenta.
Enfin, le
secrétariat exécutif de la CEEAC a aussi été chargé par les chefs d’Etat
d’organiser une conférence nationale inclusive de tous les acteurs de la vie
politique centrafricaine.
Les dix pays membres de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC) réunis à N’Djamena ordonnent Centrafrique le désarmement forcé en Centrafrique
Par lefigaro.fr avec AFP - Mis à jour
Les dix pays membres de la
Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC) ont ordonné
aujourd'hui à la force africaine en
Centrafrique (Misca) de désarmer "sans délai" et par la force si nécessaire
"tous les éléments armés étrangers" qui martyrisent une population livrée aux
crimes de bandes armées.
Lors d'un sommet extraordinaire à
N'Djamena convoqué par le chef d'Etat tchadien Idriss Déby Itno, président en
exercice de la CEEAC, les participants ont également exigé du régime de
transition à Bangui la mise sur pied d'un calendrier précis sur l'organisation
d'élections générales dans un délai de 18 mois. Le Tchad, principal soutien du
régime de Bangui, joue un rôle politique et militaire majeur chez son voisin
centrafricain. "Les chefs de l'Etat et de gouvernement exigent le déploiement de
la Misca sur tout le territoire centrafricain et lui demandent de procéder au
désarmement et à l'éloignement sans délai, volontaire ou forcé, de tous les
éléments armés étrangers du territoire de la République centrafricaine. A cet
effet, ils décident d'apporter à la Misca l'appui aérien approprié", selon le
communiqué final du sommet.
Depuis le renversement du président
François Bozizé le 24 mars par la coalition rebelle Séléka dirigée par Michel
Djotodia, la population du pays vit, selon l'ONU, "une tragédie", victime de
meurtres, viols, pillages perpétrés par d'ex-rebelles et des mercenaires venus
du Tchad et du Soudan qui avaient rejoint les rangs de la Séléka. La force
africaine - qui compte actuellement 2.500 soldats sur un total prévu de 3.600 -
tente d'y rétablir la sécurité et de désarmer ces hommes. Mais son action est
limitée par des difficultés logistiques et financières. A cet égard, le sommet
appelle la communauté internationale à apporter de "façon urgente un appui
financier et logistique à la Misca".
"Instrumentalisation des
populations"
Le chefs d'Etat ont également
demandé au secrétariat général de la CEEAC et à l'Union africaine de "poursuivre
leurs efforts en vue d'obtenir du conseil de sécurité des Nations unies un
mandat robuste pour la Misca, sous chapitre 7 de la charte de l'ONU", qui
autorise l'emploi de la force. En réclamant des moyens et un mandat conséquents
pour la Misca, les pays d'Afrique centrale se placent sur le même terrain que la
France, l'ancienne puissance coloniale qui est montée en première ligne au
Conseil de sécurité de l'ONU afin d'obtenir un renforcement du mandat de la
force et se dit prête à augmenter le nombre de ses troupes dans le pays.
Paris a un détachement de 400
soldats qui contrôlent l'aéroport de Bangui mais ne participent pas aux
opérations de la Misca.
Sous pression internationale, le
président Djotodia, présent au sommet de N'Djamena, a lui dissout la Séléka et
cherche depuis à neutraliser les chefs des bandes armées qui en faisaient
partie.
Les exactions sans fin d'ex-rebelles
ont provoqué des violences inter-communautaires qui menacent désormais de
prendre un tour religieux entre chrétiens, qui constituent la grande majorité de
la population, et musulmans. Les combattants qui formaient les rangs de
l'ex-rébellion se revendiquent de confession musulmane et Djotodia est le
premier président musulman de l'histoire du pays. Sur ce point, le sommet a
"condamné l'instrumentalisation des populations sur la base des appartenances
ethniques et religieuses à des fins politiciennes".
Mais il a également exigé
"l'organisation, dans les meilleurs délais, d'une conférence nationale incluant
tous les acteurs de la vie politique et sociale de la RCA" et que le régime de
transition désigne rapidement l'autorité en charge de conduire le processus
électoral vue de l'élaboration et de la mise en oeuvre d'un calendrier précis"
des élections générales devant se tenir dans un délai de 18 mois à compter du 18
août, date de la prestation de serment de
Djotodia.